mercredi 24 juin 2009

Italie : Après les Européennes, les communistes à la peine


Les résultats des élections européennes confirment ceux des élections législatives et des élections partielles qui ont eut lieu depuis.
Premier constat : La droite reste largement majoritaire.
Néanmoins contrairement aux espoirs de son leader Silvio Berlusconi, le nouveau parti "unique" de la droite Il Popolo Delle Liberta' (Pdl) ne dépasse pas les 40% : avec 35, 3 % il perd même 2% sur son résultat des législatives de 2008 (37,3%). Grand vainqueur, le parti raciste de la Ligue du Nord qui passe en un an de 8,3 à 10,2% des suffrages. La droite garde donc globalement son capital de voix.

Deuxième constat : Le centre gauche confirme sa défaite et en particulier le Parti Démocrate qui chute de 33,1 à 26,1% entre 2009 et 2008. Il paye ses divisions entre courant catholique et courant laïque et surtout son manque de pugnacité face à la droite. Son recul profite à son allié« l’Italie des Valeurs », le parti de l’ancien procureur Di Pietro, opposant le plus résolus à Silvio Berlusconi au moins sur le terrain institutionnel, passe de 4,4% à 8%.
Dans l’opposition, sans être avec le PD, les catholiques du parti centriste UDC progressent aussi passant de 5,6 à 6,5%.

Et la gauche ?
Après le désastre de 2008 et sa disparition du parlement (conséquence du très mauvais score de la liste de la « Gauche Arc en ciel »), elle se présentait coupée en deux : d’un côté la liste des communistes unis avec le Pdci (Parti des communistes italiens) et la majorité du Prc (Parti de la Refondation communiste), de l’autre la liste Sinitra e Libertà, regroupant les Verts, les Démocrates de gauches, la minorité bertinottienne, scissionniste, du Prc, et les socialistes néocraxiens (qui s’étaient présentés seuls en 2008)
Cette fois, c’est la division qui aura été fatale aux communistes et à la gauche : certes en reprise sur le résultat de 2008 ("La Gauche Arc en Ciel" avait alors obtenu 3,1 % des voix), aucune des deux listes de gauche ne réussit à passer la barre des 4%. Ils n’obtiennent donc aucun élu...
- La liste des communistes obtient 1 million de voix et 3,32%,
- Sinitra e libertà (très valorisé par la presse) obtient 3,1%.
Rifondazione paie, à l'évidence, la récente scission qui a entrainée le départ de tous ces anciens principaux dirigeants. Le parti paie aussi des divisions internes maintenues, avec des résistances fortes, au sein même du parti, à la liste unitaire avec le Pdci.
Parallèlement aux élections européennes avait lieu le premier tour des élections administratives pour l’élection des nouveaux conseils provinciaux et communaux. Là encore, les résultats sont inquiétants pour la gauche : Le Prc et le Pdci (qui se présentaient parfois ensembles, parfois séparément) font un score global comparable à celui des européennes (3,5%) mais en forte chute comparé à celui des précédentes élections locales (8,3%v en 2006 ), et ce même si on ajoute les résultats des listes Sinistra e libertà (0,9%). Plus que les résultats en voix, c’est celui en terme d’élus qui est catastrophique : les deux partis communistes passent ainsi de 153 élus en 2006 dans les assemblées provinciales à seulement 26 aujourd’hui !
La baisse de moyens causés par cette chute aura des conséquences sur l’activité du Pdci et du Prc.

Et par-dessus tout, les comportements suicidaires continuent : ainsi Le secrétaire du Pdci, Di Liberto, vient-il exclure du parti le dirigeant de la principale minorité du parti, Marco Rizo, député européen sortant, sous prétexte de manque de participation à la campagne des européennes , en vraie pour avoir dénoncé la collusion du secrétaire avec un membre de la loge P2, preuve photographique à l’appuie!

Caius

Image : Guérin Pierre Narcisse (1774 - 1833), La mort de Caton d'Utique. Huile sur toile. Paris, Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts.

dimanche 14 juin 2009

Après les élections européennes



Je ne reviendrai pas sur les élections en France dont le principal enseignement reste la très faible participation, surtout des jeunes, des ouvriers et des employés. Le "Front de Gauche" progresse très légèrement sur le score du PCF en 2004, passant de 2 à 4 députés

Juste quelques remarques sur les scores des autres partis de tradition communiste en Europe.
Le parti communiste grec, le KKE, est autour des 8,75 %, en léger recul par rapport aux européennes de 2004, mais au dessus de leur très bon score des législatives de 2007. Il reste la troisième force derrière le Pasok et Nouvelle Démocratie et ce malgré de la présence d'une liste "concurrente" de gauche, Syriza, pour qui les sondages promettaient il y a quelques mois monts et merveilles et qui reste à 4,7%, en dessous de leur score des législatives, et de l'émergence des Verts (là aussi les sondages les mettaient devant le KKE, il sont avec 3.49% derrière Syriza).
Au Portugal, l'alliance CDU entre PCP et vert a légèrement progressé à 10.66%, mais c'est le Bloc de Gauche (fusion de trois organisation d'extrême gauche en 79) qui créé l'évènement en passant devant le CDU avce 10,73% et qui passe de 1 à 3 eurodéputés. Parallèlement le PS fait un mauvais score.
En Tchéquie, avec 14,18 %, le KSCM reste le troisième parti tchèque en améliorant son score des législatives de 2006 (12,85 %) mais recule sur les européennes de 2004 (plus de 20 % et 6 députés).

Les exemples portugais, grecque et tchèque (et aussi de l'AKEL à Chypre) sont intéressants et ont au moins un point commun : ils s'agit de trois (ou quatre) partis communistes nationaux, qui n'ont jamais rompus le fil de leur histoire en tant que partis communistes et dans leur rapport avec leur peuple.
Cela prouve aussi que des partis communistes non rénovés/refondés/mutés/dépassés, maintiennent pour le moins des positions significatives (même si en recul net par rapport à leur période de gloire, sauf l'AKEL mais dont la situation est dominé par la question nationale). Remarquons que les trois autres partis qui avaient des caractéristiques similaires aux partis précités, le PCF, le PCI et, à un moindre niveau, le PCE, plus ils ont muté plus ils sont en difficultés! Et à cet égard, c'est celui qui, malgré tout, n'a pas complètement rompu le fil de son histoire communiste, le PCF, qui s'en sort le moins mal. Je reviendrai de manière plus approfondie sur le score de la liste des communistes unis en Italie, qui ne réussit pas à passer la barre des 4% et perd toute représentation parlementaire européenne... tous comme les bertinotiens scissionnistes qui se présentaient avec les verts et les socialiste dans la liste Sinistra e libertà...

Aucune des expériences d'organisation post communiste ne peut faire la preuve d'une réussite politique durable et significative. Quant au bloc de gauche au Portugal (dont l'émergence n'empêche pas la progression de la coalition autour du PCP), il n'est pas de tradition communiste et par certains côté est plus proche du NPA que des communistes social-démocratisés à la Syriza.

Mais je pense que la situation grecque ou portugaise est inatteignable à court terme en France, compte tenu de tout ce qui a été détruit dans le PCF. Il ne suffit pas d'avoir une ligne juste pour progresser ou retrouver des scores significatifs: une fois que des fils ont été rompus avec le peuple et la classe ouvrière, cela est difficile et long (pas impossible) de les renouer. Encore en faut-il avoir la volonté...

Caius

Image : Johann Henrich Füssli (1741-1825), Les Etoliens implorant Méléagre de défendre la cité de Calydon, (1776), sanguine, Musée du Louvre

mercredi 3 juin 2009

Pourquoi je vote Front de Gauche aux élections européennes.


Les élections européennes risquent de connaître un taux d'abstention majeur le 7 juin prochains. Par certains côtés ce n'est pas une mauvaise nouvelle. Cela veut dire qu'une grande partie du peuple refuse objectivement de donner un véritable crédit au "machin" européen qu'est le Parlement. Non qu'il soit complètement dénué de pouvoir, mais simplement parce que, quelques soit le résultat des élections cela n'entrainera aucun changement politique notable dans les politiques mises en œuvre au niveau de l'Union. Théoriquement, comme l'affirme le PS français, le Parlement Européen pourrait, au mieux, écarter M Baroso, ancien "maoïste" convertis aux libéralisme économique et à la défense des intérêt capitaliste, mais outre que cette perspective est impossible compte tenu du ralliement de nombreux partis socialiste à un renouvèlement du mandat du président de la Commission, de toute manière cela ne changerait pas grand chose...
Il faut donc avoir une haute conscience de son devoir électoral pour se mobiliser pour une élection où ne se pose réellement aucun enjeu de pouvoir... juste de contre pouvoir...
Et même franchis ces préventions admettons que le discours des partis de gauches, et même de ceux qui soutenait le Non au référendum sur la Constitution Européenne, manque de pertinence.

Mais, pour ma part, plutôt que de choisir l'abstention, je choisis de soutenir les listes du Front de Gauche.
D'abord parce c'est le seul moyen d'élire des députés se revendiquant encore du communisme au Parlement européens. Parce que le Parlement européen est aussi un lieu de travail permanent avec les autres forces communistes et de gauches, parce qu'ils peuvent être le porte-voix des luttes sociales et des organisations de travailleurs dans les institutions européennes.Mais aussi parce qu'il n'est plus possible de laisser au seul parti socialiste le monopole de la représentation à gauche.
Bien que je regrette , encore une fois, que cette démarche politique , un peu abusivement appelée "de front", soit en fait purement électoraliste et plus un slogan qu'une construction d'une alternative politique; Que les références au communiste disparaissent dans les outils de campagne et dans la manière dont la presse en parle; Que ne soit pas menée une critique radicale de la construction européenne actuelle; Que ne soient pas évacuées certaines ambigüités concernant le risque d'une disparition d'une force communiste autonome dans un conglomérat vaguement "de Gauche"; Malgré cela, Je pense qu'un bon score du Front de Gauche contribuera à maintenir "l'hypothèse communiste" dans le champ politique et électoral, à contribuer d'offrir une autre alternative à la social démocratie que celle, stérile à mes yeux, du NPA.
Un bon score du Front de Gauche donnera une base malgré tout plus solide pour la constitution d'un vrai front populaire et de classe pour une alternative vraiment progressiste aux réponses réactionnaires à la crise du capitalisme.

C'est peu, mais c'est déjà pas si mal...

Caius